Les vétérinaires ont le blues et craquent

Publié le par Steve

BURNOUT | 01h12 Réunis pour leur congrès annuel à Granges-Paccot, les vétérinaires se penchent aujourd’hui sur le stress, la dépression et le burnout. Des maladies qui touchent particulièrement la profession.

ARCHIVES ERIK FREELAND/REA | PAS FACILE: Les vétérinaires travaillent souvent seuls, dans des structures archaïques. Le rapport au monde animal a en outre évolué, et ils doivent parfois soigner des animaux de compagnie devenus quasi membres de la famille. 
LUCIA SILLIG | 07 Septembre 2007 | 01h12

 

Même si on adore les animaux, s’occuper de la santé de la vache Brunette ou de Gigi la tortue n’est pas tous les jours une sinécure. A tel point que la Société des vétérinaires suisses (SVS), réunie pour son congrès annuel, a choisi de se pencher aujourd’hui sur l’exposition des praticiens au stress, au burnout et à la dépression. En cause: «Des journées de travail qui n’en finissent pas, un agenda qui déborde, une pression administrative, financière et sociale élevée.»

Il n’existe pas de chiffres sur le burnout chez les vétérinaires, mais une étude remontant à la fin des années nonante avait relevé un taux de mortalité et de suicide supérieur à la moyenne dans la profession. Une recherche plus récente montre qu’ils sont en outre plus sujets aux dépendances à l’alcool ou aux drogues que le reste de la population. «Comme d’ailleurs les médecins», fait remarquer Cathy Maret, porte-parole de l’Office vétérinaire fédéral. Parmi les explications possibles, elle évoque l’accès facilité aux stupéfiants ou les horaires de garde, la nuit. Mais aussi la solitude du praticien.

Un être solitaire

«Il est indépendant, souvent solitaire, confirme Fabien Loup, vétérinaire cantonal à Fribourg. Les autres médecins se sont adaptés. Ils ont des cabinets en groupe, ils peuvent partager le secrétariat et les tournus de garde. Mais beaucoup de vétérinaires ont gardé une structure archaïque: avec la charge de travail et les contrôles qui augmentent de plus en plus, ça devient difficile à gérer.»

Une analyse partagée par Sabine Schläppi, directrice adjointe de la SVS, qui relève encore: «Aujourd’hui, le pourcentage de femmes dans la profession augmente très vite. A Zurich, 95% des étudiants sont des étudiantes. Ça va changer la profession. Il faut trouver des modèles de travail en groupe, notamment pour celles qui voudront avoir des enfants, travailler à temps partiel.»

Au chapitre des soucis qui pèsent sur les épaules des vétérinaires, elle évoque aussi les finances. «Ce n’est pas comme chez le médecin, avec les assurances. Là, le propriétaire paie de sa poche et il n’a peut-être pas toujours les moyens. Face au dilemme, certains font des prix.»

S’ajoutent à cela les problèmes de communication. Pas avec les patients mais avec les propriétaires. «Les vétérinaires ne sont pas vraiment formés pour communiquer, souligne Sabine Schläppi Ils doivent discuter des problèmes des animaux avec leurs maîtres, mais ils n’y sont pas préparés.» Tout cela dans une société dont le lien avec le monde animal a passablement évolué. «On oscille entre l’animal domestique chéri qui occupe presque la place d’un être humain et la peur des épidémies comme la vache folle, la fièvre aphteuse ou la grippe aviaire», observe Cathy Maret. Sans compter toute l’affaire des chiens dangereux. «Il y a toujours plus de tâches irrationnelles liées à l’émotionnel», ajoute Fabien Loup.

Projet pilote

Pour tenter de soulager la profession, une «approche de solution» venue de France sera présentée aujourd’hui aux praticiens. Il s’agit d’un forum internet où les vétérinaires peuvent soumettre leurs problèmes urgents ou appeler au secours s’ils n’en peuvent plus. A Berne, un projet pilote a été lancé il y a deux mois avec un groupe qui se réunit six fois par année pour parler des problèmes pratiques du quotidien. 

www.tdg.ch/pages/home/tribune_de_geneve/recherche/recherche_3_2_1/(contenu)/129256

Publié dans Société

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